Basile, 16 ans, est au bord du décrochage scolaire, n’a plus aucune envie d’aller à l’école (mauvais résultats, relations difficiles avec ses camarades et ses profs). Il lui reste en principe une année et demie jusqu’à la maturité, et n’a pas de projets ni même d’idées pour la suite. Ne se reconnaît aucune passion, aucun intérêt particulier pour quoi que ce soit. Bref, bien éteint (pas de révolte non plus, même pas vraiment de colère)…
Je l’invite à expliciter sa demande : «avoir de nouveau envie d’aller à l’école». Ce dont il pense d’abord avoir besoin pour ça : qu’il y ait moins de travail et que ses profs et ses camarades changent d’attitude. Je lui réponds en plaisantant – et là, il sourit une première fois – que pour ça, il faut peut-être qu’il essaie les poupées vaudou, mais qu’ici, je ne peux que lui proposer de travailler à des changements chez lui (tout en expliquant que les changements qu’on opère chez soi-même transforment également l’extérieur…). Il dit qu’il voudrait de l’envie et de la motivation, mais n’a pas la moindre idée d’où trouver ça.
Je lui demande s’il y a des choses qu’il aime faire qui lui font parfois oublier le monde extérieur : «dessiner des cartes de pays imaginaires». Alors je lui fais entamer son voyage (ce qu’on appelle «induire la transe») en dessinant et explorant les mondes à l’intérieur, avec toutes leurs ressources, déjà connues à retrouver ou inconnues à découvrir…
Au moment où je demande à son esprit inconscient d’examiner la situation actuelle pour en extraire les ressources, les apprentissages, et faire encore de nouveaux apprentissages, Basile ouvre soudainement grand les yeux, le regard fixe, devant lui, défocalisé. Je suis aussi sûr que possible qu’il était dans une transe assez profonde, et d’ailleurs, à la fin de cette brève séquence, il referme les yeux et replonge avec un profond soupir. Tout au long de la séance, il entrouvrira parfois les yeux, à l’improviste, une ou deux fois même en regardant à gauche ou à droite, pour les refermer de façon tout aussi imprévisible, donnant de nouveau tous les signes d’une transe profonde. Et à la fin, après la sortie de transe, il fera état de sensations corporelles «bizarres» (fourmillements dans les mains) et du sentiment d’avoir été vraiment ailleurs… Comme quoi les manifestations de la transe peuvent vraiment être très différentes d’un sujet à l’autre…
Je l’emmène d’abord dans un voyage dans le futur, vers un Basile plus âgé («je ne sais pas qui il est, mais toi tu sais…»), qui peut donner au Basile d’aujourd’hui une précieuse ressource pour sa vie («et je ne sais pas ce qu’elle est, mais toi tu sais…»). Retour au présent, puis de nouveau le futur. Mais d’abord le futur proche, où Basile peut voir comment sa vie se développe avec cette nouvelle ressource, et peut prendre des photos, faire des dessins, ou filmer. Puis de nouveau plus loin, vers d’autres Basile («je ne sais pas, mais toi tu sais…»), qui ont d’autres ressources, que le Basile d’aujourd’hui peut recevoir maintenant. Retour au présent, puis de nouveau futur proche, voir comment ça change, prendre des photos, dessiner, filmer. Et de nouveau là-bas plus loin, pour remercier les Basile du futur, et leur montrer les photos, les dessins, les bouts de film. « Et ils sont tous autour de toi, tu leur montres, vous regardez ensemble…». Et je lui laisse tout le temps du monde pour profiter de ce moment avec toutes les possibilités de son futur et les changements de son présent…
Quelques jours plus tard, Basile me recontacte : il voudrait revenir une fois, pour apprendre l’auto-hypnose…
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