Guido Albertelli

Hypnose ericksonienne

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Que la vie t’entraîne à la vie

L’hypnose, l’expérience de la transe, c’est entrer dans la possibilité de répondre «oui!» à la vie qui appelle à la vie, déposer les fardeaux de ce qui est mort et marcher d’un pas allégé, plus libre, plus vif, prendre le chemin d’un autre moi, renouveler la vieille histoire qu’on se raconte sur qui on est, se lancer dans l’aventure de mettre en marche ses visions…

Dépose ici et maintenant la tombe que tu portes et donne à ta vie une autre chance de restaurer le récit.

Toutes les amours ne sont pas trépas, ni la terre, migration chronique.

Une occasion pourrait se présenter, tu oublieras la brûlure du miel ancien.

Tu pourrais, sans le savoir, être amoureux d’une jeune fille qui t’aime ou ne t’aime pas, sans savoir pourquoi elle t’aime ou ne t’aime pas.

Adossé à un escalier, tu pourrais te sentir un autre dans les dualités.

Sors donc de ton moi vers un autre toi, de tes visions vers tes pas, et élève ton pont car le non-lieu est le piège et les moustiques sur la haie irritent ton dos, qui pourraient te rappeler la vie !

Vis, que la vie t’entraîne à la vie, pense un peu moins aux femmes et dépose ici et maintenant la tombe que tu portes !

Mahmoud Darwich

«Quand vous voyez une rose sans la pensée, il y a une transe»

On parle de «transe», en hypnose. Le mot est chargé de multiples connotations, et véhicule des représentations inquiétantes ou grandioses. Mais il désigne en réalité «quelque chose» de très très simple…

Quand vous voyez une rose sans la pensée, il y a une transe. Quand vous regardez votre femme sans la pensée, il y a une transe. Quand vous regardez votre corps sans la pensée, il y a une transe. Quand vous regardez un nuage… La transe, c’est ce fait de ne pas se défendre. Si je suis vraiment obtus, si je suis vraiment fermé, si je suis vraiment en défense, si je suis vraiment bloqué, et qu’il faille manger des champignons, vomir trois fois, remanger des champignons, revoir pour avoir une transe, je dirais pourquoi pas? Mais pour l’individu simple, on peut aller plus directement à la même chose, qui est de regarder, sans mémoire, la feuille qui tombe. Il n’y a rien de plus extrême que de voir une feuille qui tombe. Il n’y a rien de plus extrême que de sentir ce qui se passe dans l’instant.»

Eric Baret

https://youtube.com/clip/UgkxbTeqF3jHsFko5iFadGWhu9TK1D7CJRK-?si=aEtQZ-5pK8ZvY5jI

Problème ou personne?

Il arrive que des personnes m’appellent en me demandant si je «traite tel ou tel symptôme, ou problème». Je réponds invariablement que je ne m’occupe pas de «problèmes», que je ne reçois pas au cabinet des «cas» de telle ou telle «pathologie». C’est pour cette même raison que sur mon site je ne présente pas l’hypnose comme un moyen, une méthode ou un outil pour résoudre ceci ou cela.

Je reçois et j’accompagne des personnes, entières, avec leurs difficultés, mais aussi toutes leurs ressources, avec tout ce qui constitue le contexte de leur vie. Quand une personne est considérée (et souvent se considère elle-même) comme un «cas», et qu’elle est ainsi identifiée à un diagnostic, ou quand on s’adresse à un «problème», qui est ainsi isolé, la personne est de fait séparée de l’ensemble de sa vie, de ce qu’elle est. Or il s’agit au contraire précisément de la réintégrer à la totalité de ce qu’elle est, pour en quelque sorte «dissoudre» le symptôme dans la vie, et permettre que quelque chose change.

C’est notamment ce qu’explique François Roustang : «le symptôme est déjà une isolation, un retranchement de la vie, un arrêt et une mise à l’écart. Se focaliser sur lui, c’est courir tous les risques de le renforcer.» Il propose dès lors bien plutôt, par l’hypnose, de «faire fondre les problèmes dans le flux de la vie» : «En hypnothérapie on ne s’occupe pas de comprendre, on suppose le problème résolu, on adopte dès l’abord la position juste qui fera disparaître le problème. De son côté, le comportementalisme propose d’agir la guérison, mais c’est à coup d’effort et d’exercice. En hypnothérapie on se contente de mettre en oeuvre une disponibilité qui est déjà une capacité de changement.

C’est l’effet même de la transe – de ce qui se passe pendant une séance au cabinet : La transe hypnotique nous plonge dans un état d’indistinction des êtres et des choses. Elle remet l’ensemble de nos capacités en mouvement et le symptôme est alors lui même pris dans le mouvement ; il perd son isolation et par le fait même il disparaît. Cela suppose que l’on cesse de penser et que l’on se laisse aller à sentir de la façon la plus ouverte possible.

Alors, traiter des symptômes ? Non. Je préfère largement : libérer la vie !

(Source des citations : Chantal Rens, «Entretien avec François Roustang», https://www.mieux-etre.org/Entretien-avec-Francois-Roustang.html)

Se laisser pousser par la vie

La grande affaire, l’unique affaire, c’est de se laisser pousser par la vie. Elle pousse toujours dans notre dos, elle est derrière nous, on ne la voit pas, on ne peut pas la prendre pour s’en servir. C’est elle qui se sert de nous à sa guise. Pour quoi, pour aboutir à quoi, on n’en sait rien et on n’en saura jamais rien. Mais se laisser pousser par la vie suppose d’entrer dans une solitude toujours plus extrême, car, cette expérience-là, on ne peut pas la faire à deux ou à plusieurs. On ne peut pas compter sur un autre pour la faire et on ne peut même pas compter sur soi. Qui pourrait opérer ce dépouillement à la limite supportable, s’il n’était contraint d’y aller, s’il n’y avait pour lui aucune autre issue, aucun autre défilé d’angoisse? Se laisser pousser, mais non, pas se laisser pousser, s’avancer pour satisfaire la vie, ne pas s’arrêter un instant, la vouloir comme le don le plus précieux, comme quelque chose qui se donne toujours quand on est prêt, mais qui se cache et qui devient inaccessible si on veut mettre la main sur elle, parce qu’on est fatigué, parce que c’est harassant de poursuivre, parce que cela ne mène finalement à rien.

François Roustang, Il suffit d’un geste

«Atteindre le soleil et les étoiles»

«Milton Erickson a toujours cru qu’au plus profond d’eux-mêmes, la plupart des gens veulent devenir tout ce qu’ils sont capables d’être. Chacun de nous veut atteindre le soleil et les étoiles»

(Betty Alice Erickson)

« “Un tel, écrit Van Gogh, ne sait pas toujours lui-même ce qu’il pourrait faire, mais il sent par instinct: pourtant je suis bon à quelque chose, je me sens une raison d’être! Je sais que je pourrais être un tout autre homme! À quoi donc pourrais-je être utile, à quoi pourrais-je servir! Il y a quelque chose au-dedans de moi, qu’est-ce donc? La réponse, il la donne sous la forme d’une parabole: “Un oiseau en cage au printemps sait fortement bien qu’il y a quelque chose à quoi il serait bon, il sent fortement bien qu’il y a quelque chose à faire, mais il ne peut le faire, qu’est-ce que c’est? il ne se rappelle pas bien, puis il a des idées vagues et se dit: ‘Les autres font leurs nids et font leurs petits et élèvent la couvée’ puis il se cogne le crâne contre les barreaux de la cage. Et puis la cage reste là et l’oiseau est fou de douleur.”

“Voilà un fainéant”, dit un autre oiseau qui passe, celui-là est une espèce de rentier. Pourtant le prisonnier vit et ne meurt pas, rien ne paraît en dehors de ce qui se passe en dedans, il se porte bien, il es plus ou moins gai au rayon de soleil. Mais vient la saison des migrations. Accès de mélancolie – mais, disent les enfants qui le soignent dans sa cage, il a pourtant tout ce qu’il lui faut – mais lui de regarder au dehors, le ciel gonflé, chargé d’orage, et de sentir la révolte contre la fatalité au-dedans de soi. «Je suis en cage, je suis en cage, et il ne me manque rien, imbéciles! J’ai tout ce qu’il me faut, moi! Ah de grâce, la liberté, être un oiseau comme les autres oiseaux!» (François Roustang)

«Pour chasser une idée fixe, rien de tel que le mouvement.»

«Ne pourrait-on pas dire que ce sont nos rigidités qui nous rendent malades? Elles nous fixent sur des points particuliers et toute notre énergie s’y trouve concentrée, provoquant ce qui se passe sur la route quand Bison oublie d’être futé: des embouteillages, des bouchons, des apoplexies. Guérir, c’est entre autres choses rétablir la circulation. Le symptome est l’isolation d’un élément de l’organisme qui se développe indépendamment ou anarchiquement dans son rapport à la totalité. La guérison est le rétablissement de la communication de toutes les fonctions à l’intérieur de la totalité.Si l’état hypnotique peut, dans certains cas, permettre la guérison, c’est qu’il fait cesser la rigidité et l’exclusion produites par la fixation du conscient sur un seul trait. Car l’état hypnotique engendre, du point de vue de la conscience, une confusion, c’est-à-dire un passage des contraires les uns dans les autres. Il rend possible une refonte de l’ensemble des éléments constitutifs de la personne.»

François Roustang

Pourquoi l’hypnose? (1)

Pour reprendre sa vie à son compte, pour surgir dans sa propre liberté!

« Je crois que la liberté humaine, c’est une liberté qui est toujours dépendante des événements, dépendante du temps qu’il fait, dépendante de nos humeurs, dépendante de nos âges… C’est une perpétuelle dépendance. Être libre, c’est accepter cette dépendance pour en faire quelque chose. […] J’ai toujours eu le goût de la liberté de l’autre. Ce qui me réjouit encore maintenant, dans mon travail, c’est quand je vois une liberté qui surgit et une solitude qui surgit. Ça, c’est un grand bonheur. On me dit : tu dois être content que les gens aillent mieux. Je m’en fous. Mais voir quelqu’un qui surgit dans sa propre liberté, qui reprend sa vie à son compte, comme on disait autrefois du commerçant, qui se met à son compte, ça me comble. » (François Roustang, hypnothérapeute)

Histoire d’hypnose: En route vers un futur

Basile, 16 ans, est au bord du décrochage scolaire, n’a plus aucune envie d’aller à l’école (mauvais résultats, relations difficiles avec ses camarades et ses profs). Il lui reste en principe une année et demie jusqu’à la maturité, et n’a pas de projets ni même d’idées pour la suite. Ne se reconnaît aucune passion, aucun intérêt particulier pour quoi que ce soit. Bref, bien éteint (pas de révolte non plus, même pas vraiment de colère)…

Je l’invite à expliciter sa demande : «avoir de nouveau envie d’aller à l’école». Ce dont il pense d’abord avoir besoin pour ça : qu’il y ait moins de travail et que ses profs et ses camarades changent d’attitude. Je lui réponds en plaisantant – et là, il sourit une première fois – que pour ça, il faut peut-être qu’il essaie les poupées vaudou, mais qu’ici, je ne peux que lui proposer de travailler à des changements chez lui (tout en expliquant que les changements qu’on opère chez soi-même transforment également l’extérieur…). Il dit qu’il voudrait de l’envie et de la motivation, mais n’a pas la moindre idée d’où trouver ça.

Je lui demande s’il y a des choses qu’il aime faire qui lui font parfois oublier le monde extérieur : «dessiner des cartes de pays imaginaires». Alors je lui fais entamer son voyage (ce qu’on appelle «induire la transe») en dessinant et explorant les mondes à l’intérieur, avec toutes leurs ressources, déjà connues à retrouver ou inconnues à découvrir…

Au moment où je demande à son esprit inconscient d’examiner la situation actuelle pour en extraire les ressources, les apprentissages, et faire encore de nouveaux apprentissages, Basile ouvre soudainement grand les yeux, le regard fixe, devant lui, défocalisé. Je suis aussi sûr que possible qu’il était dans une transe assez profonde, et d’ailleurs, à la fin de cette brève séquence, il referme les yeux et replonge avec un profond soupir. Tout au long de la séance, il entrouvrira parfois les yeux, à l’improviste, une ou deux fois même en regardant à gauche ou à droite, pour les refermer de façon tout aussi imprévisible, donnant de nouveau tous les signes d’une transe profonde. Et à la fin, après la sortie de transe, il fera état de sensations corporelles «bizarres» (fourmillements dans les mains) et du sentiment d’avoir été vraiment ailleurs… Comme quoi les manifestations de la transe peuvent vraiment être très différentes d’un sujet à l’autre…

Je l’emmène d’abord dans un voyage dans le futur, vers un Basile plus âgé («je ne sais pas qui il est, mais toi tu sais…»), qui peut donner au Basile d’aujourd’hui une précieuse ressource pour sa vie («et je ne sais pas ce qu’elle est, mais toi tu sais…»). Retour au présent, puis de nouveau le futur. Mais d’abord le futur proche, où Basile peut voir comment sa vie se développe avec cette nouvelle ressource, et peut prendre des photos, faire des dessins, ou filmer. Puis de nouveau plus loin, vers d’autres Basile («je ne sais pas, mais toi tu sais…»), qui ont d’autres ressources, que le Basile d’aujourd’hui peut recevoir maintenant. Retour au présent, puis de nouveau futur proche, voir comment ça change, prendre des photos, dessiner, filmer. Et de nouveau là-bas plus loin, pour remercier les Basile du futur, et leur montrer les photos, les dessins, les bouts de film. « Et ils sont tous autour de toi, tu leur montres, vous regardez ensemble…». Et je lui laisse tout le temps du monde pour profiter de ce moment avec toutes les possibilités de son futur et les changements de son présent…

Quelques jours plus tard, Basile me recontacte : il voudrait revenir une fois, pour apprendre l’auto-hypnose…

Histoire d’hypnose: la pêche au lion

Ça commence toujours par quelque chose comme une plainte – sinon, pourquoi «aller voir quelqu’un» ?

Celle de Zlatan est formulée avec la véhémence de ses vingt ans : «ma mère m’énerve, je ne peux parler de rien d’intéressant avec elle». (Parents séparés, Zlatan n’a plus de contacts avec son père depuis trois ans).

De quoi tu voudrais parler avec elle ? Le débit ralentit… «Je sais pas… ça peut être des relations… sur “qu’est-ce que c’est l’amour ?”, par exemple…» … «L’amour, c’est la seule chose où je suis quasiment sûr que je n’en sais rien…»… «J’ai l’impression d’y être un peu insensible… (silence) ouais… (silence)… ouais… exactement» Je lui demande de partir de son expérience. Son expression se ralentit encore : «… c’est là où ça devient intéressant… euh… (silence)… par exemple être seul, prendre du temps pour soi, c’est un truc que j’ai encore jamais fait. Aller dans la nature et observer, me sensibiliser à tout ce qu’il peut y avoir. Je pense que l’amour ça commence déjà là, en soi, par rapport à tout ce qui nous entoure.» «Avoir ce lien avec une chose… j’ai l’impression de pas savoir, d’être très mauvais pour ça… ou plutôt d’y être pas habitué…»

Je lui demande s’il a déjà vécu des bouts d’expérience «d’être en contact, avoir le lien». Il évoque une situation qui remonte à très loin : un copain de sa mère qui était «fanatique de pêche», «il adorait ça, et me montrait, il venait avec moi. C’était un contact. C’était un apprentissage d’une chose. Ça peut être de l’amour, ça aussi, montrer à quelqu’un ce qu’on aime faire… Et ça, ma mère n’a jamais su me l’offrir… Et j’ai l’impression de vivre dans un monde superficiel, où il n’y a pas vraiment d’intérêt…»

Est-ce que tu voudrais pouvoir vivre maintenant quelque chose comme cette partie de pêche ? «Oui, en famille ou pas, en fait… En famille, parce que c’est dans ce cadre qu’on nous apprend plein de choses. Et maintenant, il faut que je me rende compte qu’on peut se les donner soi-même, en fait, sans avoir besoin de quelqu’un pour le faire». On peut s’offrir quoi ? «Des moment de plaisir avec soi-même. Aller se balader dans la forêt, aller à la pêche… aller lire… Faire des choses en rapport avec la nature elle-même, avec ce qu’elle est.»

J’invite Zlatan à explorer un peu plus, et il arrive sur une envie, un désir – et une peur. De nouveau le rythme se ralentit, la voix baisse : «C’est une peur de se confronter à soi-même. Comme devant une page blanche, ou devant quelqu’un à qui on doit dire quelque chose de très important, ou qu’on doit créer quelque chose avec quelqu’un… ou apprendre quelque chose dont on n’a aucune idée»… «Et quand ça me concerne moi-même, c’est encore plus dur, parce que du coup je ne ressens pas d’émotion…» «ça part, je me déconcentre, je me dissipe». Je lui demande ce qui provoque ça : «le fait d’avoir de la peine à vivre avec mes émotions… de ne pas les accepter… et du coup de devenir quelqu’un d’autre, pour paraître…»

C’est l’endroit où la plainte initiale peut se changer en intention de transformation, que Zlatan formule clairement : «Faire confiance à soi-même ; aller chercher les réponses en nous plutôt qu’à l’extérieur.»

J’invite Zlatan à sentir la source de ce désir, à l’intérieur. Plonger là-dedans. Ici commence le voyage dans l’espace de son propre monde… ce monde est entièrement le tien, cette transe est entièrement et uniquement la tienne… personne d’autre, ici… seulement toi, chez toi… dans le monde de tes ressources…

Et le voyage devient promenade dans la forêt, en prêtant attention à toutes les sensations… et laisser s’enrichir et se déployer toute la profondeur de ta sensibilité, qui te met maintenant en rapport avec toutes ces choses…»… «descendre en prenant le temps qu’il te faut pour goûter entièrement ce riche tissu de sensations, de couleurs, de sons, d’odeurs, de textures, de températures…

Et tu peux descendre plus profondément jusqu’au bord du grand lac… voir les reflets et les mouvements sur la surface… sous la surface… Et tu peux t’offrir une belle partie de pêche, là, à l’intérieur… Faire tous les gestes… observer, tous les sens aux aguets… Et tu apprends… tu apprends tout ce qu’il y a à apprendre dans cette situation… Savoir comment ça marche, la pêche… Et tu peux être maintenant entièrement plongé dans cette attention… avec toutes tes ressources… tu n’as pas besoin que quoi que ce soit vienne à la surface de ta conscience… tu peux être entièrement ouvert vers l’extérieur, vers tes sensations… recevoir…

Et tu sais exactement, et de manière inconsciente, tout ce qu’il y a à faire, tout ce qu’il y a à observer… Tu sais comprendre les mouvements du bouchon sur l’eau… Et si un poisson mord, tu sais exactement, sans avoir à y réfléchir, parce que tu es étroitement en lien avec tout cet environnement, tu sais exactement le geste à faire à ce moment-là, pour éprouver cette joie immense d’attraper le poisson, et de le sentir frétiller au bout de la canne… Et tu peux jouir profondément, à l’intérieur, du plaisir de cette expérience où tout ton être est en rapport étroitement avec le monde, avec les choses du monde…

Et tu peux maintenant, en restant là à l’intérieur, écouter cette histoire, que tu m’as peut-être déjà entendu raconter, mais peu importe…

Je lui raconte l’histoire, transmise par les sages de l’Orient, du petit lion qui se prenait pour un mouton, parce qu’il avait été élevé par un troupeau de moutons. Et qui faisait tout comme un mouton. Jusqu’au moment où un grand lion est venu, l’a pris, et l’a emmené au bord de l’eau.

Comme toi, là, maintenant, au bord de ce lac. Et ce grand lion l’a amené à se voir lui-même, à côté du reflet du grand lion, dans l’eau du lac.

Et j’invite maintenant avec respect ton esprit inconscient à faire apparaître à côté de toi l’image de ton propre grand lion, de ton propre guide intérieur. Et je t’invite, là à l’intérieur, au bord du lac, à te pencher au-dessus de l’eau, à côté de lui, et à regarder. A regarder vos deux reflets. A regarder attentivement, en prenant tout ton temps, en y mettant la même attention que celle que tu as appris à développer pour la pêche, et dans la promenade en forêt. A regarder, à voir qui il est… et qui TU es… comment tu apparais sur le miroir de l’eau, devant tes yeux… à côté de l’image de ton lion intérieur, de ton guide intérieur… qui est comme toi, ou plus exactement, c’est toi qui es comme lui. Tu peux maintenant reconnaître dans l’image là devant toi, sur le miroir, tu peux reconnaître la ressemblance entre les deux images. Prendre le temps de reconnaître, d’observer attentivement les ressemblances entre ces deux images… L’image de Zlatan, au bord de l’eau, et l’image du grand guide intérieur, qui n’est rien d’autre que Zlatan, au bord de l’eau, également… qui n’est rien d’autre que Zlatan se reconnaissant lui-même… prenant le temps de se reconnaître lui-même, et de découvrir là, dans cette expérience même, la possibilité de la confiance, parce que le grand guide est là à l’intérieur… Et que le grand guide donne au plus petit Zlatan quoi que ce soit qu’il ait à lui donner ne change rien au fait que c’est Zlatan, mais Zlatan plus grand que Zlatan, qui se donne à lui-même quoi que ce soit qu’il ait besoin de lui donner.

Et tu peux même maintenant parler au guide, lui demander quoi que ce soit que tu voudrais lui demander. Et surtout lui demander qu’il t’apprenne très précisément, que tu t’apprennes à toi-même très précisément, comment tu peux le retrouver. Qu’il te montre le chemin, le passage… Que tu t’assures maintenant, là à l’intérieur, de bien comprendre le chemin, de manière à pouvoir le retrouver, quand tu voudras ou quand tu en auras besoin.

Et tu peux prendre tout ton temps pour faire cela entièrement, et me signaler simplement que cela aura été fait.

Zlatan prend un très long moment.

Maintenant tu connais le chemin, tu sais que tu peux y retourner quand tu veux. Tu peux donc tranquillement prendre le chemin du retour. Et remonter dans la forêt, t’arrêter dans un endroit confortable, t’installer là, en pleine nature…

Un rêve d’intégration des apprentissages de ce voyage – et comme un palier, en remontant de cette plongée en eaux profondes…

Réorientation vers l’extérieur. Tout en continuant sur le chemin du retour à observer avec attention et sensibilité toutes les choses nouvelles, qui se donnent à observer. Et toutes ces expériences nouvelles viennent remplir encore et encore ce monde de sensations et de perceptions, dans lequel les expériences d’avant se perdent, s’oublient. Mais peu importe, parce que toutes nos expériences et nos sensations sont profondément inscrites en nous à l’intérieur… comme de nouveaux arbres dans la forêt. Et les arbres dans la forêt sont là, toujours, même quand nous ne les voyons pas, même quand nous n’y allons pas, même quand nous n’y pensons pas… et que nous pouvons donc nous occuper d’autres choses… dans le monde extérieur…

“L’hypnose en elle-même ne fait rien dut tout. Mais elle vous donne un climat favorable dans lequel travailler» (Milton Erickson)

 

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