Une histoire d’hypnose, un reflet de ce qui peut se passer au cabinet.
Alex est un jeune homme, porteur d’un léger handicap, qui vient pour la troisième fois. Toujours agité et tendu, il se débat avec un choix à faire, devant une proposition à laquelle il ne s’attendait pas. Une décision difficile à prendre qui le plonge dans une grande confusion, où il n’arrive pas à distinguer ce qu’il voudrait vraiment.
Alex termine une formation professionnelle «de base» qui était ce qu’il pouvait espérer de mieux, au vu de son handicap. Tout se passe bien, il en est très content – au point de s’être vu proposer une formation ultérieure, dont on lui avait dit d’abord qu’elle était hors de portée pour lui. Et il ne sait pas quoi faire. Certes, la proposition est tentante, mais elle génère aussi beaucoup de stress, d’angoisse: «en serai-je vraiment capable? ne vais-je pas me mettre trop de pression, alors que je termine une formation qui me permettrait d’avoir un travail, certes moins intéressant, mais qui assurerait une vie tranquille?»
Il est venu avec cette demande une première fois, et il a pu explorer les deux options dans le futur, en transe. Comme la confusion l’avait de nouveau emporté, après cette séance, il est revenu encore une fois, pour une séance très métaphorique – comme pour offrir à son esprit inconscient des espaces libérés de la tyrannie mentale des projections inquiètes dans le futur et des apprentissages limitants du passé.
Mais Alex s’est remis à ruminer.
Et aujourd’hui, le voilà de nouveau, avec la même demande, la même indécision tendue: « est-ce qu’on ne pourrait pas faire encore quelque chose pour que je sois vraiment sûr?». Pris d’une inspiration subite, je lui dit, péremptoire: «Non. Vous savez quoi? Il faut faire ça à pile ou face». Et je me lève pour aller chercher une pièce de monnaie, en lui demandant s’il préférait que pile désigne la poursuite de sa formation, ou plutôt l’inverse.
Avant même que j’aie fini ma phrase, Alex s’exclame: «Mais non, je sais bien que je veux la faire cette formation!», et il éclate de rire. Jusqu’ici, je ne crois pas que je l’avais vu sourire, et maintenant, il est là, détendu, radieux, dans le fauteuil.
«Fin de la séance alors?», et nous rions encore ensemble. Nous ferons juste un travail d’accès aux ressources, en transe, pour le soutenir dans ce choix qui ne fait plus aucun doute.
Parfois, ce genre de détour est nécessaire pour que nous osions nous permettre de savoir ce que nous savons déjà sans tout à fait savoir que nous le savons. Parfois, il faut la simple présence du thérapeute pour faciliter la prise de risque, le dépassement d’un «blocage», la réinvention de l’existence. Parfois, le thérapeute est semblable à un notaire, qui enregistre simplement une décision qui a déjà été prise depuis longtemps.
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