« “Un tel, écrit Van Gogh, ne sait pas toujours lui-même ce qu’il pourrait faire, mais il sent par instinct: pourtant je suis bon à quelque chose, je me sens une raison d’être! Je sais que je pourrais être un tout autre homme! À quoi donc pourrais-je être utile, à quoi pourrais-je servir! Il y a quelque chose au-dedans de moi, qu’est-ce donc? La réponse, il la donne sous la forme d’une parabole: “Un oiseau en cage au printemps sait fortement bien qu’il y a quelque chose à quoi il serait bon, il sent fortement bien qu’il y a quelque chose à faire, mais il ne peut le faire, qu’est-ce que c’est? il ne se rappelle pas bien, puis il a des idées vagues et se dit: ‘Les autres font leurs nids et font leurs petits et élèvent la couvée’ puis il se cogne le crâne contre les barreaux de la cage. Et puis la cage reste là et l’oiseau est fou de douleur.”
“Voilà un fainéant”, dit un autre oiseau qui passe, celui-là est une espèce de rentier. Pourtant le prisonnier vit et ne meurt pas, rien ne paraît en dehors de ce qui se passe en dedans, il se porte bien, il es plus ou moins gai au rayon de soleil. Mais vient la saison des migrations. Accès de mélancolie – mais, disent les enfants qui le soignent dans sa cage, il a pourtant tout ce qu’il lui faut – mais lui de regarder au dehors, le ciel gonflé, chargé d’orage, et de sentir la révolte contre la fatalité au-dedans de soi. «Je suis en cage, je suis en cage, et il ne me manque rien, imbéciles! J’ai tout ce qu’il me faut, moi! Ah de grâce, la liberté, être un oiseau comme les autres oiseaux!» (François Roustang)
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