Un excellent entretien entre F. Midal et Jean-Marc Benhaiem, qui éclaire avec simplicité et précision ce qu’est l’hypnose, sa spécificité dans la thérapie, et le travail de François Roustang, qui reste pour moi une inspiration essentielle.
Morceaux choisis:
JMB : On pensait que c’était la tête qui devait nous guider. Bah non, c’est le corps. Dans le cerveau on a plusieurs systèmes qui nous égarent : et je rumine, et je me mets dans le passé, et je me mets dans l’anticipation anxieuse – alors que lui, le corps, il n’est que dans le moment présent : c’est là qu’il respire, c’est là qu’il vit. Et donc si je le rejoins, je peux quitter une déambulation qui m’égare et qui me fait souffrir. Et ça, c’est quelque chose qui n’avait jamais été abordé par les psychologues, les psychanalystes. Dans les écoles de psychologie, ce n’est toujours pas abordé, alors que c’est la seule façon que nous ayons de retrouver notre place. C’est d’être un corps, une présence, une respiration. C’est le corps qui devient le guide.
JMB : On cherche les ressources, on implique le patient. Alors qu’avant il était passif, effectivement, en disant «ah, je dois subir». Et là on lui dit : «non, non ! Vous ne subissez pas ! Faites ce qu’il faut pour atténuer la perception douloureuse !» «ah bon ? c’est moi qui…» «Oui, oui, vous avez les ressources !» … On retrouve les ressources, et la personne n’est plus un objet que qu’on manipule. C’est elle qui trouve le chemin pour aller mieux.
FM : Quand j’ai fait une séance avec François [Roustang], une des choses qui m’a le plus bouleversé, c’est sa capacité d’être là, sans rien dire ; et je me suis senti accueilli absolument. Et c’est rare dans une vie humaine de sentir que quelqu’un vous accueille absolument, entièrement, comme celui que vous êtes. Et c’est un très profond soulagement.
JMB : «Revenez dans la danse !» Un jour, j’ai dit ça à un patient : «Mais revenez dans la danse !» La danse, c’est… c’est sérieux la danse ? Ben non, on s’amuse ! Et cette façon-là de revenir dans la partie, c’est quelque chose aussi qu’on avait travaillé avec François [Roustang]. Et au fond, c’est ça la transe, c’est de revenir dans la danse, parce que la personne s’était mise à l’écart en disant : « Non, non, je ne danse pas, je veux tout maîtriser, je vais peut-être faire un faux pas, je vais peut-être tomber…» Et on lui dit : «Prenez des risques, allez-y ! Revenez dans la danse. Et reliez-vous !» Et si elle veut bien revenir, elle dit : «Ah, c’est drôle, c’est sympa, j’ai plein d’amis, je danse, c’est léger, j’entends la musique !» Elle revient dans la vie en fait.
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