Il y a des moments dans nos vies où on se sent accablé. Où on a le sentiment qu’on n’y arrive plus. (Par exemple, on n’arrive pas à écrire chaque semaine dans son blog, comme on s’était promis de le faire…)
La transe, l’expérience de l’hypnose, peut alors être comme le chemin qui nous ramène à cette flamme, même ténue, même vacillante, à l’intérieur, qui ne s’éteint jamais. Comme une veilleuse qui témoigne de la lumière jusqu’au fond des ténèbres. Comme, dans certaines cuisinières à gaz, la petite veilleuse qui reste allumée, à la base du brûleur, et qui permet que la flamme reparte dès qu’on tourne le bouton. Comme ce fond bouillonnant qui remonte des profondeurs, dans le silence de l’hypnose, tel la lave dans le volcan. Chaotique, effrayant, même, parfois – parce que c’est aussi ce qui menace toujours l’ordre précaire que notre raison essaie d’instaurer. Notre culture l’a appelé par exemple Dionysos : le dieu de l’ivresse, qui préside également à la tragédie, le dieu démembré, qui revient à la vie. Un dieu à part, un dieu errant. Comme le mouvement de notre désir de créer, d’aimer, d’aller plus loin, sans savoir.

Il m’est arrivé, lors d’une séance il y a quelque temps, à inviter la personne qui était là, en transe, à ramasser patiemment le bois mort de son accablement. Puis à allumer un feu, d’abord juste avec quelques brindilles, avec tout le soin, toute la délicatesse que nécessite la flamme renaissante. Puis ajouter du bois, jusqu’aux plus gros morceaux. Ecouter le feu crépiter, gronder même, et regarder les étincelles monter dans le ciel.
Et laisser faire.
Etre comme, et avec, le feu.
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