Rite de passage, écologie profonde en pratique
Jura, 13 au 18 juillet 2025
Carine Roth, Guido Albertelli
Quand quelqu’un peut se réduire à l’état d’être vivant, à ce moment-là, il est déjà guéri. Parce qu’il se resitue dans son propre corps, ou par rapport à son propre corps, il se resitue par rapport à son milieu, il se resitue par rapport à son entourage, à son travail, à tout l’environnement. Ça suffit. (…) Moi, il me semble maintenant que l’essentiel, c’est de revenir à l’animisme. C’est-à-dire : nous sommes des vivants, tout est vivant, nous devons nous situer par rapport à ça. On retrouve la base de notre humanité, qui est le fait que nous sommes des vivants. Et ça suffit. (…) On entre dans un mouvement où toutes les choses peuvent communiquer les unes avec les autres. Ça nous donne l’impression d’un chaos, mais c’est simplement parce qu’il y a trop d’éléments qui puissent être saisis par l’intelligence discursive.
François Roustang
Dans une séance d’hypnose, tout cela se passe en quelque sorte «à l’intérieur» – mais un intérieur qui ne se laisse plus vraiment distinguer de l’extérieur, un intérieur où l’on découvre que ce qui transforme et guérit, c’est de retrouver les liens avec le «dehors», avec un monde «sauvage». Entrer en contact, ne plus esquiver, refuser, quoi que ce soit de la réalité de la situation – ou du monde. Ce qui nous fait souffrir, c’est de se prendre pour un petit moi isolé, alors que ce qui nous soutient, c’est de découvrir que ce «je» peut retrouver tous les liens sans lesquels il n’existe pas. Découvrir, en somme, que ce «je» est un «nous».
Pour cela, il suffit, en réalité, de réapprendre à sentir. Sentir son corps, sentir le monde, sentir les connexions. Et si cela peut se produire dans le fauteuil d’un thérapeute, cela peut aussi advenir, très simplement, en allant s’asseoir dans la nature…
De là, cette proposition d’écologie profonde en pratique, que nous nommons pour l’instant, et faute de mieux, de ces expressions anglaises: «nature quest».
Une démarche de «théorie et pratique animiste», conçue comme un rite de passage. Une invitation à venir vivre dans la nature, à l’écoute du vivant, avec l’expérience de 24 heures, seul, en jeûnant : s’extraire des cadres figés, qui ne tiennent plus vraiment, ou auxquels vous ne tenez plus vraiment, oser lâcher-prise ; prendre le risque de l’inconnu, aller passer ce temps dehors, et sentir tous les liens avec le monde, sentir la réalité d’en faire partie, d’être ce «nous» ; en ramener quelque chose qui tient, qui soutient. En revenir transformé.
Informations pratiques et inscription sur le site de l’association RoP – rite de passage
Ce qui fonde peut-être pas notre bonheur, mais notre joie (monnaie qui n’a plus cours et qu’il est mal vu d’évoquer), c’est que ça tient, qu’il y a un monde fait sans doute d’accords et de discordances, un monde qui tient encore aujourd’hui, une vie qui continue à proliférer, qui tue sans cesse et qui fait naître. Demain, impossible de savoir. Ce sera peut-être le retour au grand chaos, mais aujourd’hui le soleil s’est levé, il y a encore des plantes qui poussent malgré les ravages de la nature et des hommes, il y a encore du vent. Une telle évocation fera sourire, comme si nous dépendions encore du cosmos, comme si toutes ces histoires et ces légendes n’étaient pas enterrées pour toujours. L’évidence, non pas la croyance – nous n’en avons que faire -, l’évidence que ça tient est au bout du compte le seul roc sur lequel nous puissions nous appuyer et peu importe notre petite histoire à nous. Ou bien elle importe dans la mesure où elle s’inscrit dans le mouvement du monde qui, en cet instant, existe encore.» (F. Roustang)
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