«Pourquoi est-il souhaitable que l’hypnose ne soit jamais «stérilisable», jamais réductible à ce que tel ou tel charlatan ou tel savant en dira ? Parce que nous avons tous besoin de mystère, en particulier lorsque nous souffrons et que nous nous sentons misérables. Mais pourquoi le mystère peut-il venir en aide, direz-vous ? Parce qu’il existe des situations dans lesquelles les procédés rationnels perdent leur force consolatrice ou réparatrice. Mais aussi parce que le mystère a le pouvoir de créer une effervescence neuve au sein de notre quotidien, lorsque celui-ci est devenu prévisible et sans âme.»

G. Salem, Soigner par l’hypnose, épilogue

Magritte, Les mystères de l’horizon

Pour celles et ceux qui ont le goût d’une certaine forme d’aventure, et d’aller jouer plus délibérément la carte du mystère, qui se joue de toute façon dans toute séance d’hypnose, ces propositions invitent à des expériences qu’on pourrait dire «non ordinaires», tout en ayant de puissants effets thérapeutiques : rencontrer des «esprits animaux» ou des «guides», retourner dans une vie antérieure, remonter au moment qui précède juste le début de cette vie-ci.

Paul Klee, La machine à gazouiller

Rien d’ésotérique, encore moins de pratiques «new age» ici : on n’est pas obligé d’y voir autre chose que la puissance de notre esprit qui joue avec notre imagerie mentale, comme dans n’importe quelle expérience de la transe hypnotique. Aucune croyance particulière n’est impliquée, ni non plus rejetée par principe. Il n’y a rien à croire, il n’y a que l’incontestable de ce qui peut être vécu. A quelqu’un qui me demandait un jour, avec un peu d’impatience agacée, comment je pouvais croire à des choses comme des «esprits animaux», ou des «vies antérieures», j’ai répondu que je ne croyais rien du tout – mais qu’on pouvait vivre des expériences qui se laissent décrire de façon satisfaisante dans ces termes. Mais en fin de compte, ces descriptions peuvent très bien être entendues comme de belles métaphores, sans que cela enlève quoi que ce soit à la réalité et à la force de l’expérience. Simplement, peut-être, en y ajoutant une touche de poésie, voire de magie, pour le plus grand plaisir et la satisfaction de notre esprit, avec sa puissance d’imaginer et de transformer la vie en imaginant (ce qui est le propre même de l’hypnose).

On peut affirmer qu’il s’agit des pouvoirs de notre imagination, de cette formidable faculté humaine de réorganiser sa vie en imaginant. Ou parler d’«esprits», ou d’autres «réalités non ordinaires». Il me semble que ce sont simplement des façons différentes de raconter une même histoire: l’histoire de ce dont nous faisons l’expérience dans l’hypnose. Son mystère n’est jamais réductible et pourtant elle répond à notre exigence de comprendre.